Comment la méditation peut changer le monde
Pratiquer dès l’enfance
Depuis quelques années, le philosophe Frédéric Lenoir organise des ateliers avec des enfants d’écoles primaires francophones. À l’origine, il voulait leur apprendre la philosophie, mais s’est vite rendu compte que la méditation serait bénéfique pour faire face à leur agitation perpétuelle, leurs tendances à la dispersion et leurs difficultés de concentration.
À l’Athénée Royal Saint-Servais de Namur, les bienfaits de la méditation ne sont en effet plus à prouver : après avoir expérimenté des ateliers de pleine conscience dans une classe et constaté que le groupe était devenu beaucoup plus calme, les enseignants ont décidé d’introduire ce type de modules pour tous les élèves de primaire. Les enfants sont unanimes : ils se sentent plus détendus, relaxés, se concentrent mieux et reproduisent mêmes les techniques chez eux. Dès lors, comment pratiquer la méditation avec un public plus jeune ? Tout simplement en transposant des outils pour adultes vers des jeux avec un vocabulaire adapté aux enfants, révèle l’instructrice de pleine conscience venue animer ces ateliers pour apprendre aux plus jeunes à détecter ce qu’il se passe dans leur corps, à ressentir sereinement leurs émotions et à être dans le présent ici et maintenant.
Dans le cadre de l’école, l’apprentissage est impacté par l’introduction de courts moments réguliers d’introspection : les élève sont plus attentifs et les résultats scolaires meilleurs. Il est donc important de proposer la méditation le plus tôt possible afin qu’elle devienne un automatisme au quotidien et une véritable hygiène de vie.
La spiritualité peut-elle guérir notre monde ?
Frédéric Lenoir estime que, si des ateliers de philosophie et de méditation étaient organisés dans toute les écoles de la planète et que chaque enfant évoluait donc en adulte plus attentif et bienveillant, il suffirait d’une génération pour que le monde entier se transforme. Ce qui manque en effet cruellement aux humains aujourd’hui, c’est un savoir-être, un savoir-vivre ensemble. Ils sont guidés par leurs peurs et par leurs émotions dès lors qu’ils n’ont pas appris à les écouter. Tant que nous serons mus par la jalousie, l’envie, la colère, les désirs déréglés et autres passions tristes, le monde ne fonctionnera pas bien.
D’où l’importance d’apprendre aux jeunes à acquérir une intelligence émotionnelle et à dialoguer. Pour qu’ils développent un esprit de tolérance et deviennent des être humains épanouis, apaisés, attentifs et réfléchis. “Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde”, disait Ghandi. Et pour changer son intérieur, la spiritualité est essentielle. Cette spiritualité peut être laïque ou religieuse, elle permet de développer une pensée personnelle qui va chasser l’ignorance, elle incarne le travail de l’esprit et la méditation, en bref, tout ce qui peut rendre l’Homme meilleur. L’expérience spirituelle, c’est la compassion, l’amour, la découverte d’un silence intérieur, l’intention qui prime sur le rituel,… Et ces valeurs-là mettent bien souvent tout le monde d’accord, quels que soient les religions, dogmes ou croyances.
Un lent apprentissage
La plupart de nos compétences ont été cultivées par un entraînement long et parfois acharné. Il serait donc logique que les qualités humaines fondamentales pour s’épanouir dans l’existence soient logées à la même enseigne et exigent une forme de travail et de rigueur. L’état de notre cerveau change à mesure que nous nous exerçons à des activités nouvelles et c’est aussi le cas de la méditation. Après des milliers d’heures de pratique, Matthieu Ricard, célèbre moine bouddhiste, peut davantage contrôler son esprit. Pour cela, il préconise par exemple de cultiver l’état de bienveillance ressenti en général pendant quelques instants et d’essayer de le faire perdurer plus longtemps. Par la répétition de l’exercice, de petits moments de méditation, le cerveau va changer et évoluer. Nous pouvons également apprendre à jouir du temps présent. Ce n’est pas simple puisque l’Homme est programmé pour anticiper les dangers et tirer des leçons de ses antécédents, il s’agit donc de trouver un équilibre entre passé, futur et moment vécu. Cet état d’esprit se travaille également, comme un muscle. Dans cet apprentissage, nos cinq sens sont considérés comme des vecteurs privilégiés de reconnexion brute avec l’existence, il s’agit d’essayer de dépasser le filtre des croyances, des attentes et des peurs pour mieux savourer la vie.
Se poser. Être présent dans le présent. Arrêter un instant de faire, juste être.
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